mercredi 2 juillet 2014

Les critiques sur Internet et la lecture (trop) rapide

Aujourd'hui, j'ai reçu un lien de la part de mon éditeur Flammarion vers une critique de mon dernier roman paru : Le miroir aux sortilèges.
Avec la diminution du nombre de petites librairies de quartier et l'absence d'articles de journalistes traditionnels (surtout en jeunesse), les lecteurs n'ont aujourd'hui plus beaucoup de chance de se faire une idée sur les livres hors "best-seller" qu'en regardant ces critiques et les commentaires laissés par les lecteurs sur les sites de vente en ligne. D'où l'amertume des auteurs qui se voient attribuer une étoile sur amazon ou la FNAC parce que "l'envoi n'a pas été rapide" ou "le livre était en mauvais état".
Il est tout aussi agaçant de trouver une critique qui donne une fausse image du livre parce qu'il a été lu un peu vite. J'accepte la "mauvaise" critique. On a le droit de ne pas aimer un livre, même si je trouve les avis du style "ça ne correspond pas à ce que j'avais imaginé en voyant la couverture" ou "je n'aime pas le fantastique" assez malhonnêtes. Si vous n'aimez pas le fantastique, critiquez autre chose, que diable !

La critique que je mentionnais en ouvrant cet article n'est même pas spécialement négative au sujet de mon livre. J'ai décidé d'en parler parce qu'elle est un parfait exemple de la lecture "rapide". Elle est signée RLB et publiée ici :
http://www.choisirunlivre.com/fiche_lecture.php?livre_id=16120

La personne qui l'écrit s'étonne "Misaki est une jeune japonaise d'à peine 10 ans, mais dont le comportement a tout de celui d'une adolescente d'aujourd'hui (surfe et tchatche sur Internet, y fait des achats en ligne, etc.), ce qui est d'autant plus surprenant que certains aspects très traditionnels du Japon sont mis en avant dans le récit".

En effet, c'est parce que Misaki est une collégienne de 13 ans, comme précisé dans le texte. Elle prend aussi les transports seule et va au collège. Parce qu'elle a 13 ans.
D'ailleurs, le Japon cultive tradition et modernité, n'importe qui étant déjà passé devant une agence de voyage le sait (et les femmes habillées en kimono dans les rues de Kyôtô se servent de téléphones portables, mais oui... c'est une terre de contrastes).
Se tromper sur l'âge d'un personnage ne paraît pas très grave, mais ce livre s'adresse à des collégiens... qui n'ont aucune envie de lire les aventures d'une fillette d'à peine 10 ans. Aucun parent de collégien ne voudra faire lire ce livre à leurs enfants après avoir lu cet article.
Qui pourrait le lire, alors ? Les primaires ?
 L'article précise ensuite que "les plus jeunes ne pourront qu'être très impressionnés par les phénomènes inquiétants qui se produisent suite à l'achat du miroir, l'emploi de la première personne du singulier renforçant la sensation d'angoisse"
Voilà qui exclut donc également que les parents des enfants d''à peine 10 ans" soient tentés de faire le livre à leurs enfants.
C'est aussi normal. Ce livre est indiqué "à partir de 12 ans". Parce qu'il ne s'adresse pas aux "plus jeunes", même si franchement les enfants ne sont pas tous des poules mouillées et que le livre ne contient rien de traumatisant.

Je ne sais pas ce que l'auteur de cet article fait dans la vie. Moi, j'écris des livres. Je ne demande pas aux critiques d'aimer mes enfants d'encre et de papier, mais seulement de leur faire un procès juste en les lisant correctement... ou de laisser un moyen de les contacter là où ils laissent leur critique afin que les erreurs flagrantes puissent être rectifiées et éviter d'étouffer bêtement mes romans dans l’œuf.


PS : je l'avoue, ce qui m'a fait le plus rire dans cet article, c'est que l'auteur ressente un "malaise" du fait que le personnage principal tente de tricher à un contrôle sans être clairement punie pour ça. Je l'avoue, personne ne lui coupe la main pour avoir essayé de réussir son contrôle de maths à l'aide d'un miroir magique... Mais elle n'arrive pas à tricher, elle se sent honteuse d'avoir essayé et ensuite elle essaye désespérément de se débarrasser du miroir magique qui s'est révélé être maléfique.
Je suis presque sûre qu'elle ne recommencera pas.
Le fait qu'elle soit punie pour avoir essayé de se servir de puissances qui la dépassent à son avantage est le principal sujet du livre. Si, si, je vous jure.
D'ailleurs, j'aimerais rencontrer quelqu'un qui n'a jamais été tenté de jeter un coup d’œil sur le contrôle de son voisin de toute sa carrière scolaire. ça m'est arrivé... L'univers s'en est remis.

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