Devenir auteur

Quand je rencontre des lecteurs ou quand je dis à quelqu'un que j'écris, on me pose systématiquement des questions sur le processus qui mène de notes griffonnées dans un carnet à un livre en vente sur les étagères d'une librairie. J'ai donc décidé de faire une rubrique consacrée à l'écriture, émaillée de quelques conseils basés sur ma propre expérience - pour ce qu'ils valent. Rien de très révolutionnaire, mais j'espère que cela aidera ceux d'entre vous qui ne sont pas familiers avec le monde de l'édition à mieux comprendre comment ça se passe et à ne pas se décourager. En effet, réussir à faire publier et à vendre un livre réclame beaucoup de temps, voire d'argent pour ceux qui décident de prendre eux-mêmes en main la publication de leur livre ou de passer par le biais d'un éditeur à compte d'auteur. C'est aussi un processus extrêmement long : il s'écoule souvent des années entre le moment où on a l'idée d'une histoire et celui où on a un livre entre les mains.
Devenir auteur est plus difficile qu'on l'imagine de prime abord, mais ça en vaut la peine. Vraiment !
Si vous avez d'autres questions sur le sujet, n'hésitez pas à me contacter, ici ou sur mon compte Facebook.

1. Trouver une idée

Ici, pas de formule magique (mais si vous en découvrez une, ça m'intéresse !). Certaines personnes ont des tonnes d'idées tout le temps et peuvent produire un scénario en quelques heures, alors que d'autres peinent à chaque roman. L'imagination n'est pas le fort de certains écrivains, qui ne travaillent qu'à partir de faits réels. ce ne sont pas toujours eux qui ont le moins de succès !

Quelques trucs peuvent aider, cependant :
  • Cela paraît évident mais lisez ! Il n'existe pas une seule façon de concevoir un scénario ou un "bon" style. Néanmoins, il vous sera utile de voir ce qui se fait ou ce qui a déjà été fait. Cela vous évitera de pécher par manque d'originalité. Essayez de déterminer ce qui vous plaît ou vous dérange dans ce que vous lisez et tirez-en les enseignements appropriés. Quelqu'un d'intelligent (je crois me souvenir que c'était Paul Valéry) a écrit que la littérature n'est qu'un infini commentaire d'elle-même. C'est vrai, on a souvent d'excellentes idées en lisant celles des autres.
  • Trouver des idées est aussi une excellente excuse pour regarder la télévision ou aller au cinéma - une histoire est une histoire, quelle que soit la forme qu'elle prenne. Pour ma part, j'aime aussi bien regarder les colonnes "faits divers" des journaux, dans lesquelles on peut trouver des idées.
  • Il existe des cours d'écriture. Aux Etats-unis, c'est même une filière universitaire au même titre que les Lettres modernes ou la Philosophie en France. Je n'en ai pour ma part jamais suivi. Si vous peinez à démarrer ou que vous avez du mal à organiser vos idées... pourquoi pas ? Il y en a parfois dans les universités. Renseignez-vous quand même sur qui est l'intervenant et ce qu'il ou elle a publié - j'ai connu quelqu'un qui donnait des cours de ce genre et dont tous les textes étaient systématiquement refusés par les éditeurs... 
  • Il n'est pas nécessaire de savoir exactement où va votre histoire pour la commencer. Les idées peuvent venir en écrivant. Stephen King (qui s'y connaît en gros bouquins) dit qu'il part souvent d'une situation du genre "qu'est-ce qui se passerait si...". Le problème de l'écriture sans synopsis est qu'on peut se retrouver bloqué au milieu. Il est parfois possible de revenir en arrière et de rajouter une scène  pour rectifier la situation, mais il faut être prêt à revoir, voire à sacrifier une partie de son texte. Personnellement, je pars de l'idée générale et je m'arrête tous les quatre-cinq chapitres pour faire le point et décider des quatre-cinq chapitres suivants. Il m'arrive d'être extrêmement surprise par le tour que prennent les évènements et je ne connais jamais la fin avant d'y être. Néanmoins, sachez que si un synopsis est inutile en soi pour un one-shot, si votre livre est le premier tome d'une série, l'éditeur vous demandera presque systématiquement un synopsis des tomes suivants avant de s'engager.
  • Si vous vous lancez dans un genre fantasy, SF ou fantastique, tracez quelques cartes et plans (à l'aide d'un ordinateur si vous êtes aussi handicapés du critérium que moi). Dans tous les cas, faire de courtes fiches sur les personnages et les créatures que vous comptez intégrer dans l'histoire peut se révéler inestimable - rien n'est pire que de se retrouver à passer un fichier de quatre cents pages au "rechercher et remplacer" à la recherche de la taille de Saralyn ou de la couleur de cheveux de Simon.

2. Ecrire 

Ecrire un livre est un processus très personnel : demandez à dix auteurs comment ils écrivent et vous aurez dix réponses différentes. il est cependant assez intéressant de se renseigner sur la façon dont les autres procèdent pour déterminer ce qui nous correspond le mieux.
Je connais des auteurs qui se mettent devant leur ordinateur quand l'inspiration leur vient, mais d'autres s'y mettent le matin au réveil et y restent jusqu'au soir en respectant de stricts horaires de bureau. J'ai pour ma part adopté le système du "non, tu ne te coucheras pas tant qu'il n'y aura pas 2000 mots supplémentaires dans ce fichier !" assez adapté à ma tendance à la procrastination.
2000 mots est peut-être un peu excessif si l'écriture est un hobby, mais se fixer un minimum à écrire chaque jour est une bonne façon d'avancer. Moins vous vous y mettrez, plus il sera dur de vous y mettre : les intrigues et les rebondissements qui vous paraissaient limpides quand vous avez eu l'idée de votre histoire perdront de leur acuité jusqu'au moment où il sera très difficile d'avancer sans tout reprendre du début (et là, il y a des chances pour que vous découvriez que vous n'avez plus le temps et l'énergie de vous y remettre).
Beaucoup de personnes commencent à écrire une histoire et l'abandonnent en cours de route. L'histoire était-elle mauvaise ? Aurait-il mieux valu faire un scénario avant de commencer la rédaction du texte ? Tout dépend de l'histoire et des circonstances. Parfois, il y a aussi de mauvais moments pour écrire une histoire en particulier. Dans ce cas, il vaut mieux la laisser de côté, travailler sur autre chose et y revenir plus tard.
Ne vous battez pas avec votre texte, ça ne donnera jamais rien de bon.
Quelques conseils, cependant :

  • Entraînez-vous ! Ecrivez des nouvelles : la même scène du point de vue de chaque personnage, des scènes d'action, des scènes romantiques... On apprend à écrire en écrivant. Les fanfictions constituent un bon entraînement : on peut évoluer dans un cadre existant qui permet de se concentrer sur des détails techniques. Poster ses textes sur des sites comme ff.net offre à la fois la possibilité de lire ce que font les autres et de recevoir soi-même des commentaires de la part de vos lecteurs. Il existe d'autres sites, mais celui-ci est enfantin d'utilisation et assure un nombre de lecteurs relativement important. 
  • Vous êtes libres d'écrire votre texte à la main, sur un cahier. J'emporte toujours un petit carnet avec moi pour noter les idées au fur et à mesure qu'elles me viennent. Cependant, je n'ai écrit un texte entier à la main qu'une fois : le recopier sur ordinateur a été tellement fastidieux que je me suis jurée de ne plus recommencer. Comme vous le savez sans doute, aucun éditeur n'acceptera un texte qui n'est pas tapé sur un traitement de texte. Inutile, en revanche de le faire relier ou d'attacher les pages entre elles - veillez juste à ce qu'elles soient bien numérotées car un manuscrit aux pages éparpillées n'est pas chose rare dans le bureau encombré d'un éditeur.
  • Ne vous précipitez pas. Avoir écrit le mot "FIN" ne signifie pas que le texte est prêt à être lu par d'autres, encore moins par un éditeur. Laissez passer quelques semaines puis relisez-vous. Faites ensuite lire le texte par une personne de confiance et demandez lui son avis. Les critiques ne sont jamais agréables à entendre, mais essayez de les prendre en compte. Gardez à l'esprit que, même si ce n'est pas toujours bien exprimé, le fait qu'un lecteur ressente une gêne par rapport au texte signifie sans doute qu'il doit y avoir quelque chose à améliorer.
  • Relisez encore, même si c'est pénible. Croyez-moi, vous pourriez relire trente fois que vous trouveriez des choses à changer à chaque fois. Si vous avez l'impression que votre texte est plus mauvais à chaque fois que vous le lisez... c'est normal. Il n'y a plus tellement d'élément de surprise au bout de trois lectures et aucune plaisanterie ne résiste à autant de relectures. Ne vous en faites pas : une faute d'orthographe ou deux (ou dix, ça dépend de la taille du texte) ne condamnera pas votre texte à la corveille de l'éditeur. Néanmoins, il est évident qu'un texte truffé de fautes ne passera pas la barrière du stagiaire qui fait le tri avant de passer les manuscrits au comité de lecture ou à l'éditeur.
  • On peut toujours améliorer un texte. Cependant, vous donner des indications est aussi le travail de l'éditeur. Si votre texte se tient, qu'il a un début, un milieu et une fin (dans cet ordre, mais pas nécessairement) et un nombre raisonnablement bas de fautes d'orthographe, vous pouvez tenter votre chance et partir à la pêche à l'éditeur.
Vous êtes sûr de vous ? Vous pouvez vous armer de patience et passer à l'étape suivante.

3. Trouver un éditeur

Il existe plusieurs façons d'être publié. Il y a les traditionnels éditeurs à compte d'éditeur. Dans ce cas, l'éditeur paye tout... y compris vous. Ces éditeurs ne vous demanderont JAMAIS d'argent. C'est évidemment la façon la plus difficile d'être publié, mais ça ne nécessite aucune dépense de votre part à l'exception de l'encre, du papier et des frais d'envoi de vos manuscrits (ce qui peut aujourd'hui revenir cher ! Si vous avez la chance d'habiter près de l'éditeur, n'hésitez pas à porter directement vos manuscrits à l'accueil, ça sera toujours ça d'économisé - ici, ceux qui habitent à Paris sont très avantagés...).

Les éditeurs à compte d'auteur ne pratiquent pas de réelle sélection. Cependant, ils peuvent se révéler assez onéreux, surtout s'ils fournissent un service de correction. Faites très attention, beaucoup prétendent distribuer les livres dans les FNAC, les librairies, vous envoyer dans des salons du livre et obtenir des articles dans des journaux sur les livres qu'ils publient mais c'est souvent complètement faux. La plupart du temps, ils produiront vos livres, vous les enverront, et vous devrez vous débrouiller tous seuls pour les vendre et obtenir de la publicité. Si vous vous sentez l'âme d'un commercial, c'est faisable. Il peut néanmoins être beaucoup plus intéressant de passer directement par un imprimeur et de faire vos livres vous-même sans payer un service de distribution souvent imaginaire. Gardez cependant en mémoire que, lorsqu'on est auteur indépendant, on doit payer pour obtenir une place où signer dans les salons du livre et que c'est assez cher !

Avec le développement du livre numérique, il est aujourd'hui plus facile et beaucoup moins onéreux de faire son propre livre virtuel sur des sites tels que Smashwords. Il vous faudra concevoir la couverture de votre livre et vous débrouiller avec la mise en page, mais si vous vous en sortez en informatique c'est très faisable. Le problème est ici de vendre votre production. Il n'est pas facile de se faire connaître quand on n'a même pas un livre papier a emporter pour faire des salons du livre. Il faut aussi savoir qu'à ce jour, les ventes de livres numériques en France sont très faibles (très très faibles - j'ai déjà atteint le top 50 des ebooks d'Amazon en vendant une centaine d'exemplaire d'un livre par ce biais). Cependant, c'est un genre en expansion et ils se vendent bien aux Etats-unis, alors peut-être que ce sera aussi le cas en France demain.

Il n'existe pas de moyen sûr d'être publié par un éditeur. Cependant, il faut garder quelques règles à l'esprit :

  • Regardez dans les librairies et bibliothèques qui publie quoi pour être sûr que votre manuscrit puisse correspondre aux éditeurs auxquels vous l'envoyez. Il est inutile d'envoyer un roman à l'eau de rose chez MSK. Cependant, sachez parfois tenter votre chance : j'ai été plusieurs fois été publiée par des éditeurs auxquels j'avais envoyé un manuscrit en désespoir de cause en pensant que cela n'avait aucune chance de les intéresser. Certains éditeurs, comme L'école des loisirs, fonctionnent vraiment au coup de coeur et pas sur un genre particulier. Si vous êtes en jeunesse, je vous conseille de commencer par Gallimard jeunesse, qui est à ma connaissance le seul à accepter les textes par internet (en passant par leur site). Même s'ils ne prennent pas votre texte, le leur envoyer ne vous coûtera rien et cela vous permettra toujours d'avoir un avis.
  • Envoyez-le à plusieurs éditeurs à la fois, il sera moins difficile de recevoir un refus si vous attendez d'autres réponses. Il n'y a pas de courtoisie à avoir : les éditeurs n'hésiteront pas à vous refuser un manuscrit après vous avoir fait attendre trois mois, vous n'avez pas à hésiter à l'envoyer à plusieurs personnes et... que le plus rapide l'emporte, tant pis pour les autres. De surcroît, cela vous permettra de savoir qui pourrait être intéressé par votre style et de prendre contact avec d'autres éditeurs : connaître des gens aide toujours, ne serait-ce que parce que cela vous permettra de leur envoyer vos futurs manuscrits directement par email, ce qui constitue une économie de temps et d'argent appréciable.
  • Ecrivez une courte lettre pour accompagner votre manuscrit. Ce n'est pas un CV, mais vous pouvez faire valoir une expérience reliée à l'écriture si vous comptez faire une série - cela garantira votre capacité à écrire la suite. Donner l'idée générale du roman en quelques lignes, saluez poliment et c'est tout : les éditeurs reçoivent des dizaines de manuscrits par jour, inutile de leur rajouter plus de lecture.
  • Si vous pouvez obtenir le nom du directeur de collection, vous aurez plus de chance de ne pas vous retrouver en dessous de la pile (et d'être refilé à un stagiaire) en adressant votre texte directement à celui-ci. Dans l'idéal, il faudrait essayer de voir un directeur de collection et lui parler du projet auparavant pour qu'il soit tenté de le lire directement. On peut trouver ces directeurs de collection dans certains salons du livre. Le salon du livre de Montreuil pour l'édition jeunesse et celui de Paris pour tout le monde sont des must. Les éditeurs sont parfois là pendant les jours de signature, ils sont par contre toujours là lors des soirées d'inauguration de ces deux salons. Le malheur étant que ces soirées sont uniquement sur invitation - si vous arrivez à vous en procurer une, le mieux est de faire une liste de tous les éditeurs qui vous intéressent et d'aller les voir pour leur parler de votre projet. Cela ne vous assurera pas d'être publié, mais ça aidera quand même à avoir une réponse plus personnalisée et plus rapide.
  • Renseignez-vous sur internet sur la réputation de l'éditeur que vous sollicitez. Beaucoup de petits éditeurs sont nés au cours des dernières années... et avec eux, beaucoup de litiges. Certains sont parfaitement honnêtes, mais d'autres ont refusé de payer les auteurs ou n'ont jamais publié les livres qu'ils avaient accepté.
  • Ne pas vous découragez pas ! Obtenir une réponse est souvent très long - il s'écoule souvent plusieurs mois entre le moment où on envoie son texte et celui où on obtient une réponse. Et le fait que ça prenne trois mois ne veut rien dire : mon premier éditeur a accepté mon texte après quatre mois d'attente. Il n'est aussi pas rare de se faire refuser un texte cinq ou six fois avant de le placer, même pour des auteurs chevronnés. Ce n'est jamais agréable, mais ça n'a parfois pas de rapport avec la qualité de votre texte. J'écris des histoires de vampires depuis dix ans et on m'a refusé des textes pendant les cinq premières années parce que le vampire était has been et qu'ils voulaient tous des histoires de dragon... Comme quoi, le vent peut finir par tourner.
Vous avez trouvé un éditeur ? Félicitations, mais ce n'est pas fini...

4. Le contrat

Quand vous aurez eu un accord verbal (ou, de plus en plus souvent, par mail) de l'éditeur, il va vous envoyer un contrat. Lisez-le très attentivement. Faites attention, ne signez pas n'importe quoi ! Ce n'est pas parce que c'est un éditeur connu que les conditions qu'il pose sont justes. Regardez bien le pourcentage de droits d'auteur que l'éditeur offre, le nombre d'exemplaires qu'il vous donne (si vous en voulez davantage, il faudra les payer, alors demandez-en une vingtaine), et rayez les clauses SF genre "supports actuels ou futurs" - personne ne lit dans l'avenir.
Le mieux à faire pour vous renseigner sur les clauses à ne pas signer ou à corriger est :
  •  de parler aux autres auteurs pour savoir ce qu'ils ont obtenu, les salons littéraires sont de bons endroits pour les rencontrer, et ils sont toujours ravis de pouvoir dire du mal de leur éditeur
  • de demander des précisions à l'éditeur sur toute clause floue - gardez à l'esprit qu'ils mentent souvent quand il s'agit d'argent.
  • à titre d'indication, la plupart des auteurs refusent aujourd'hui de signer les clauses concernant les droits numériques - les pourcentages proposés sont trop faibles et les éditions numériques favorisent le piratage des textes. Un accord est en train d'être négocié entre les différents organismes représentant les auteurs et les éditeurs, mais c'est un long combat. Tenez-vous au courant !
  • de rentrer dans des organismes qui pourront vous donner des conseils juridiques, vous permettre de parler à d'autres auteurs, voire vous fournir gratuitement un avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle si vous en avez besoin. A ce titre, je vous recommande fortement de vous inscrire à la SOFIA et à la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse si vous écrivez pour la jeunesse - ces derniers ont notamment un stand au salon de Montreuil où vous pouvez les rencontrez et leur forum permet aux auteurs et aux illustrateurs jeunesse de communiquer et de se renseigner sur leurs éditeurs.
  • discuter des conditions du contrat ne fera pas revenir l'éditeur sur sa décision de prendre votre texte. Gardez à l'esprit que vous n'êtes pas à l'abri du succès et que vous pourriez regretter un contrat signé hâtivement si votre livre devenait un best-seller. Je connais des auteurs qui ont vendu plusieurs centaines de milliers d'exemplaires et qui vivent toujours dans un studio pour avoir accepté des droits d'auteur indigents. Croyez-moi, ils regrettent...
5. Le travail avec l'éditeur

Le travail avec l'éditeur se passe très différemment en fonction des personnes et du texte sur lequel on travaille. Il peut ne s'agir que de corriger quelques fautes par email... ou alors de se retrouver avec un manuscrit couvert d'annotations qu'il vous faudra peser, analyser et introduire (si vous choisissez de le faire). Il y aura plusieurs aller-retour. L'éditeur pourra vous demander des changements sur l'histoire en elle-même, même ce n'est pas du tout systématique et il y a toujours moyen de discuter si vous n'êtes pas d'accord. Ensuite, il y aura une correction effectuée soit par l'éditeur, soit par un correcteur (parfois les deux) et qui concernera des détails techniques comme les fautes d'orthographe, les répétitions... On vous renverra le texte annoté et vous réintroduirez (ou pas) les corrections dans votre texte. Le texte est ensuite mis en forme tel qu'il apparaîtra en livre et on vous le renverra ainsi, sous forme d'épreuves. Vous les relirez et rajouterez vos corrections en marge. Une fois ces corrections effectuées, les épreuves seront envoyées chez un correcteur.

Outre les corrections, il y a des chances pour que vous vous battiez avec votre éditeur pendant cette période au sujet du titre de votre livre et de la couverture. Il arrive qu'on vous laisse tranquille avec votre titre... mais parfois non. C'est ainsi que "Les murs de St Gabriel" est devenu "Le couloir des spectres". En négociant, j'ai obtenu "Le couloir des esprits", mais c'est tout ce que j'ai pu faire. Pour la couverture, certains éditeurs ne penseront même pas à vous la montrer et vous la découvrirez (parfois avec horreur) à la sortie du livre. D'autres vous l'enverront avant et, parfois, vous pourrez demander une modification. Il arrive que votre avis soit pris en compte.

Je vous conseille de demander à voir le résumé de quatrième de couverture (le dos du livre). Il est fréquemment sans rapport avec le texte, voire truffé de fautes d'orthographe. Si vous vous y prenez assez tôt, il sera peut-être possible de sauver les meubles.

Au final, il s'écoule fréquemment six mois, voire un an entre le moment où votre texte est accepté et celui de la sortie du livre. L'eau qui dort, un de mes derniers romans, a été pris en mars 2012. J'ai effectué les premières corrections. Il devrait sortir vers février 2013. La raison de ces délais est que le catalogue de l'éditeur est souvent rempli pour les mois à venir et la seconde est qu'il lui coûte moins cher de faire imprimer les livres très longtemps avant la sortie. 

6. Vendre votre livre

Pour un certain nombre d'auteurs, le travail s'arrête là. Votre livre est paru et vous n'avez plus rien à faire. Cependant, il est évident que le livre ne se vendra pas tout seul. Vous pensez que vendre est le travail de votre éditeur et vous avez raison.
Après, c'est un choix. Certains auteurs sollicitent les salons pour se faire inviter, font des sites internet pour promouvoir leurs ouvrages, font faire des tee-shirts ou des marque-pages à distribuer à leurs lecteurs et envoient leurs livres à des journalistes... C'est faisable si vous avez du temps et un peu d'argent.
Vous pouvez aussi attendre que des salons vous invitent d'eux-mêmes et que les lecteurs décident de parler de vos livres sans votre aide - il existe aujourd'hui beaucoup de blogs littéraires dont certains se révèlent d'un grand soutien pour l'auteur débutant.
Ne rien faire ne signifie pas que vos livres ne se vendront pas. Je vous conseille de jeter quand même un coup d'oeil sur internet pour voir ce qui s'en dit de temps en temps et de participer aux salons auxquels vous êtes invités. 
Après tout, il n'y a pas de meilleure récompense, après ce parcours du combattant, que de pouvoir finalement parler avec vos lecteurs.


Publier un second livre ne sera pas forcément beaucoup plus facile que le premier. Les éditeurs n'ont, pour la plupart, pas vraiment de notion de "fidélité" lorsqu'il s'agit de leurs auteurs. Le seul véritable avantage est que vous pourrez envoyer vos textes par email directement aux directeurs de collection que vous connaissez. Plus de frais d'envoi, peu de stagiaires sur votre chemin. Cela ne garantit pas la réussite, mais ça aide quand même.

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